Par Baobab Visa Canada – 24 mars 2025
Après 30 ans de pratique, Me Stéphane Handfield, figure emblématique du droit d’immigration à Montréal, tourne le dos à sa clientèle privée. Son départ sonne comme un cri d’alarme sur l’état du système d’asile canadien, qu’il estime détourné de sa vocation humanitaire initiale.
Un constat amer après trois décennies de pratique
« Je ne reconnais plus le système pour lequel je me suis battu », confie l’avocat qui a représenté plus de 2000 clients et plaidé jusqu’en Cour suprême. La transformation qu’il observe est radicale : « Avant, on aidait des personnes en danger de mort. Aujourd’hui, trop de demandes ressemblent à des stratégies d’immigration déguisées. »
Des chiffres qui parlent d’eux-mêmes :
- 10 500 demandes d’asile en 2013
- 190 000 en 2024
- 272 000 dossiers en attente fin 2024
Le chemin Roxham : un effet boule de neige
Me Handfield pointe du doigt la notoriété internationale qu’a prise le passage irrégulier de Roxham : « Ce point d’entrée est devenu un symbole de facilité, attirant des milliers de personnes peu soucieuses des critères d’asile légitimes. »
Conséquence directe : un engorgement catastrophique du système. « Les vrais réfugiés, ceux qui fuient la persécution, doivent maintenant attendre des années avant d’obtenir protection », déplore-t-il.
Des clients qui ont marqué sa carrière
Parmi ses fiertés :
- Laetitia Angba, jeune Ivoirienne qu’il a défendue avec succès après une bataille médiatique
- Un danseur du Ballet algérien obtenant le statut de réfugié
- La défense d’un manifestant rom menacé en Roumanie
« Ce sont ces victoires humanitaires qui donnaient du sens à mon métier », souligne l’avocat, visiblement ému.
Un système à réformer d’urgence
Pour Me Handfield, la fermeture de Roxham ne suffit pas. Il appelle à :
- Un filtrage plus rigoureux à l’entrée
- Des délais de traitement accélérés pour les dossiers crédibles
- Une meilleure information à l’international sur les critères réels d’asile
« Quand des demandeurs s’informent d’abord sur les allocations avant de parler des persécutions qu’ils fuient, c’est que le système a perdu sa boussole », conclut-il.
Ce départ symbolique intervient alors que le Canada bat des records historiques de demandes d’asile, posant des défis majeurs à son système d’immigration.
Source : La Presse