Changement de perception
Trois facteurs majeurs ont modifié la perception de l’immigration temporaire au Canada : le ralentissement des nouvelles constructions, la hausse de l’inflation au cours des deux dernières années, et la publication de nouvelles données sur les résidents non permanents (RNP) par Statistique Canada.
En avril, le Premier ministre Justin Trudeau a reconnu que les politiques d’immigration de son gouvernement contribuaient à la crise du logement. Il a souligné que l’augmentation rapide des travailleurs temporaires étrangers et des étudiants internationaux dépassait la capacité d’absorption du Canada.
Nouvelles données
La véritable prise de conscience a eu lieu le 27 septembre 2023, lorsque Statistique Canada a publié pour la première fois des chiffres précis sur le nombre total de résidents non permanents dans le pays. Auparavant, les données disponibles ne portaient que sur le nombre de permis délivrés ou les mouvements entrants et sortants de résidents temporaires, sans donner une vue d’ensemble.
Conséquences économiques
La forte croissance démographique liée à l’immigration temporaire a soulevé des inquiétudes. Selon une étude de la Banque Nationale, publiée le 15 janvier par les économistes Stéfane Marion et Alexandra Ducharme, cette augmentation semble dépasser la capacité d’absorption de l’économie canadienne. Les chercheurs ont noté que l’afflux massif d’immigrants temporaires pourrait faire baisser le produit intérieur brut (PIB) par habitant. En effet, une population croissante se partage la même richesse, ce qui peut ralentir la croissance économique individuelle.
De plus, selon une autre étude du C.D. Howe, publiée en juillet par Matthew Doyle, Mikal Skuterud et Christopher Worswick, l’entrée de travailleurs temporaires dans des emplois faiblement rémunérés réduit les revenus moyens et le PIB par habitant. Ils recommandent que l’immigration économique soit orientée vers l’amélioration du niveau de vie général de la population, y compris celui des nouveaux arrivants.
Ces nouvelles analyses appellent à une réévaluation des politiques d’immigration temporaire au Canada, en tenant compte de leur impact sur le logement et l’économie nationale.