Depuis le début de l’année, le gouvernement fédéral tente de réduire l’immigration temporaire, mais les chiffres récents montrent que ces efforts sont pour l’instant inefficaces. Au contraire, le nombre de résidents temporaires au Canada continue d’augmenter.
La situation au Québec et au Canada
Au Québec, on recense actuellement 588 000 résidents non permanents, soit 6,5 % de la population. Il y a dix ans, cette proportion était inférieure à 1 %. À l’échelle nationale, le Canada compte désormais 3 millions de résidents temporaires, ce qui représente 7,3 % de la population.
En mars dernier, le gouvernement fédéral a annoncé son objectif de ramener cette proportion à 5 % d’ici trois ans. Pour y parvenir, plusieurs mesures ont été mises en place :
- Réduction de 35 % des permis d’études en 2024, suivie d’une nouvelle baisse de 10 % en 2025.
- Limitation de la proportion de travailleurs temporaires dans les entreprises, de 20 % à 10 %.
- Réduction de la durée des permis de travail et suppression des permis pour les conjoints.
- Gel des embauches de travailleurs temporaires dans certaines villes.
À partir de cette année, les résidents temporaires seront également inclus dans la planification annuelle des niveaux d’immigration du gouvernement fédéral.
La réponse du Québec
Le Québec cherche lui aussi à freiner l’afflux de résidents temporaires. Le gouvernement a instauré un moratoire de six mois sur l’embauche de travailleurs à bas salaire à Montréal et envisage de limiter le nombre d’étudiants étrangers par le biais d’une loi. De plus, le ministère de l’Immigration a renforcé ses critères d’admission.
Cependant, le premier ministre François Legault compte avant tout sur Ottawa pour réduire le nombre de résidents temporaires sous responsabilité fédérale. Lors d’un déplacement récent à Paris, M. Legault a réitéré sa demande : « C’est au gouvernement fédéral de trouver des solutions au problème qu’il a créé. »
Un dialogue difficile entre Québec et Ottawa
Le 26 septembre, à Montréal, le premier ministre canadien Justin Trudeau a accusé François Legault de « politiser » la question de l’immigration. « Nous attendons toujours le plan de M. Legault pour réduire la part d’immigration temporaire contrôlée directement par le Québec », a déclaré M. Trudeau.
Des défis persistants
Selon un rapport de la Banque du Canada publié en juillet, la hausse continue du nombre de résidents temporaires pourrait compromettre l’atteinte des objectifs fédéraux. La Banque estime qu’il faudra plus de temps pour réduire le nombre de résidents non permanents afin d’atteindre la cible de 5 %.
Si les gouvernements échouent à réduire le nombre de résidents temporaires, des effets négatifs risquent de perdurer : pression sur les services publics, ralentissement de la croissance économique par habitant et aggravation de la crise du logement.
Conséquences pour les résidents temporaires
Les immigrants temporaires sont également touchés par le ralentissement économique. En juillet, leur taux de chômage était de 12,5 %, contre 4,5 % pour les natifs.
Les associations d’aide aux migrants craignent par ailleurs que les restrictions gouvernementales ne conduisent à une augmentation du nombre de sans-papiers. « Si les permis ne sont pas renouvelés, cela créera des drames humains sans précédent », avertit Stephan Reichhold, directeur de la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI).
Malgré les politiques annoncées, la situation de l’immigration temporaire demeure un sujet de tension entre les gouvernements provincial et fédéral, et un défi de taille pour l’avenir.