Contexte et enjeux
Le Québec et le Canada font face à une situation délicate : ils cherchent maintenant à réduire l’immigration temporaire, alors qu’ils ont eux-mêmes contribué à son augmentation rapide. Les gouvernements se renvoient la balle sur la responsabilité de cette situation, mais la question essentielle demeure : comment en est-on arrivés là ?
Les chiffres de l’immigration temporaire
L’immigration temporaire regroupe trois catégories principales : les travailleurs étrangers, les étudiants internationaux et les demandeurs d’asile. Bien que qualifiés de « temporaires », beaucoup de ces immigrants finissent par s’établir de façon permanente au Canada.
Selon Statistique Canada, au Québec, les travailleurs étrangers représentent 46 % des immigrants temporaires, suivis des demandeurs d’asile (28 %) et des étudiants internationaux (21 %). Le Québec accueille 41 % de tous les demandeurs d’asile au Canada, bien qu’il ne représente que 22 % de la population canadienne.
Les origines de la crise
Cette hausse significative de l’immigration temporaire a débuté en 2016 avec l’arrivée de Justin Trudeau au pouvoir, mais elle s’est intensifiée après la pandémie de 2022. Le nombre de résidents temporaires au Québec a presque doublé en deux ans, passant de 301 000 à 588 000. Durant cette période, les demandes d’asile ont augmenté de 123 %, les travailleurs temporaires de 121 %, et les étudiants internationaux de 69 %.
Les gouvernements fédéral et provincial ont mis en place plusieurs mesures pour répondre à la pénurie de main-d’œuvre, sans véritable planification. Ces mesures incluent :
- L’augmentation de la proportion de travailleurs étrangers temporaires autorisée dans les entreprises.
- La levée de la limite pour le recrutement dans les industries saisonnières.
- L’allongement de la durée des permis de travail post-diplôme.
- L’extension des droits de travail pour les étudiants internationaux.
Ces décisions, souvent prises sans concertation publique, ont conduit à une augmentation sans précédent de l’immigration temporaire.
Les pressions économiques et politiques
Le Québec a également joué un rôle actif dans cette situation. À la suite de pressions exercées par le gouvernement Legault, Ottawa a accepté de relever de 10 % à 20 % la proportion de travailleurs étrangers autorisée par entreprise dans certains secteurs, comme l’alimentation et la santé. Selon l’économiste Pierre Fortin, cette montée de l’immigration temporaire a été largement influencée par le lobbying des associations d’affaires.
Conséquences et réactions
L’augmentation rapide de l’immigration temporaire a eu des répercussions sur le marché immobilier et les services publics, provoquant une pénurie de logements et une hausse des loyers. De plus en plus de citoyens, au Québec et ailleurs au Canada, considèrent désormais qu’il y a trop d’immigrants, avec un taux d’opposition passant de 25 % à 60 % en quelques années.
Vers une gestion plus stricte ?
Pour remédier à cette situation, François Legault propose de s’inspirer du modèle français en créant des zones d’attente pour loger les demandeurs d’asile pendant le traitement de leur dossier. Cela permettrait, selon lui, de mieux répartir ces demandeurs entre les provinces.
Cependant, cette idée a été accueillie tièdement à Ottawa. Le ministre fédéral de l’Immigration, Marc Miller, reconnaît qu’il est temps d’agir pour limiter l’immigration temporaire, admettant que le gouvernement a été trop lent à prendre des mesures correctives.
En résumé
Les immigrants ne sont pas responsables de cette situation. Ce sont les politiques des deux gouvernements, mises en œuvre sans véritable contrôle ni objectifs clairs, qui ont conduit à cette explosion de l’immigration temporaire. Aujourd’hui, les autorités doivent trouver un équilibre entre les besoins du marché du travail et les capacités d’accueil du pays.