Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) reconnaît qu’il exerce de la discrimination contre les étudiants étrangers francophones qui font une demande pour étudier au Québec ou dans le reste du Canada, en particulier contre les étudiants en provenance de l’Afrique francophone. Mais le ministère ne se formalise pas de la situation.
Les demandes des étudiants étrangers qui souhaitent étudier au pays sont examinées à l’aide d’un système informatique appelé Chinook qui utilise l’intelligence artificielle. Ce logiciel reproduit les « biais » que les agents d’IRCC entretiennent envers les étudiants africains qui veulent étudier en français et semble même les accentuer.
Devant le Comité permanent de la citoyenneté et de l’immigration des Communes, la sous-ministre adjointe à IRCC Marian Campbell Jarvis a affirmé que le ministère était
« conscient du risque de discrimination et de “biais” dans le système d’AI [intelligence artificielle]. Mais nous sommes à l’aise avec les instructions du Secrétariat du Conseil du Trésor ».
Il faut croire que ce logiciel engendre des économies puisqu’il est approuvé par l’instance qui tient les cordons de la bourse.
On sait que les taux de refus d’IRCC à l’égard d’étudiants étrangers sont beaucoup plus élevés pour les universités et les collèges de langue française du Québec. Par exemple, l’Université Laval présente un taux de refus de 50 % des demandes d’étudiants étrangers qu’elle sélectionne, tandis que pour l’Université McGill, ce taux est de 8 %. Les universités anglaises au Québec sont nettement favorisées par Ottawa : alors qu’elles accueillent 25 % des étudiants universitaires du Québec, elles reçoivent presque autant d’étudiants étrangers que l’ensemble des universités francophones.
Comme Le Devoir le rapportait dans son édition de mercredi, tout comme le Québec, l’Ontario français pâtit de cette discrimination systémique, comme en font foi les taux de refus élevés qu’essuient ses collèges et ses universités.
La Stratégie en matière d’éducation internationale du fédéral veut faire du Canada l’une des principales destinations d’apprentissage dans le monde, mais il semble bien que ce soit surtout en anglais que ça se passe. Démesurément ambitieuse, la politique d’immigration du gouvernement Trudeau mise beaucoup sur la venue d’étudiants étrangers, dont un grand nombre sont appelés à obtenir leur résidence permanente pour devenir des immigrants reçus. D’un côté, on attire des étudiants étrangers à qui on fait miroiter la possibilité d’immigrer, de l’autre, on en refoule d’autres, surtout s’ils souhaitent étudier en français, sous prétexte qu’ils pourraient vouloir s’installer ici.
Lord Durham n’aurait pas fait mieux. Mais alors que ses visées assimilatrices étaient assumées, c’est une forme d’inconscience qui semble guider les pratiques discriminatoires d’IRCC envers les francophones. Il faudrait peut-être se dire : Pardonnez-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font. Ou encore constater que la nation québécoise ne peut se permettre de laisser le Canada anglais gérer de larges pans de son immigration.
Source: Le Devoir